2009-2019 Soudan et Égypte ...: octobre 2014

Après Khiva, nous avons quitté le Karezm pour aborder une république dont la plupart d’entre vous n’ont, sans doute, jamais entendu parler : la Karakalpakie, ou Karakalpakistan dans la version locale. Cette république autonome est la partie occidentale de l’Ouzbékistan. C’est à la fois une immense oasis prospère autour de l’Amou-Daria grâce aux fameux travaux d’irrigation et à la culture du coton, et dans sa partie nord un désert sinistré après la disparition de la mer d’Aral.

Notre première étape est Noukous, la capitale. C'est une assez grosse ville sans grand intérêt si ce n'est d'être sur la route de la mer d'Aral et d'être le siège d'un musée d'art exceptionnel: le musée Savitsky. Le musée flambant neuf abrite la collection extraordinaire réunie par le peintre, ethnographe et archéologue Igor Savitsky riche de tant de pièces que, paraît-il, les œuvres exposées changent régulièrement. Objets nomades, tapis, suzannés, bijoux traditionnels karakalpaks, sculptures, peintres russes du début XXième siècle, c'est une profusion telle que nous l'avons visité sur deux jours!

Et de là, direction Moynaq. Moynaq, l'un des deux grands ports de pêche sur la mer d'Aral du temps où elle était encore là! Le second port étant Aralsk au Kazakhstan. Grande mer intérieure jusqu'aux années 60, aujourd'hui, le peu d'eau qui reste est à 150km du port. J'ai mis deux photos satellites de 1989 et 2008 prises sur internet pour illustrer le désastre, mais la réalité est bien au delà. Avant 1960, il n'y avait pas une petite mer nord et une grande mer sud, mais une seule étendue d'eau! Après 1989, la mer sud s'est à nouveau partagée entre est et ouest. Puis la partie est a bel et bien disparue. La partie ouest subsistait un peu par un effet de déversoir depuis la petite mer nord un peu mieux alimentée par le Syr-Daria. Depuis, un barrage a été créé par les Kazakhs pour fermer le chenal et sauver la mer nord. Il paraît que ça a marché et qu'il y a à nouveau du poisson et un rivage à 13km d'Aralsk. Mais l'arrêt de mort de la mer sud, essentiellement ouzbèke a ainsi été prononcé. Quand on voit ce qui reste dans l'Amou-Daria quelques km avant Moynaq et tout ce qui est pompé en amont, y compris au Turkménistan dont on longe la frontière, ça n'a rien d'étonnant!

Il reste pour nous une extraordinaire impression de bout du monde et de ville fantôme à Moynaq, un "hôtel" surréaliste derrière la dune qui donnait ... sur le port, et les derniers bateaux de pêche qui finissent de rouiller dans la steppe au bas de la falaise ...

De Moynaq, retour par étapes vers Tashkent, d'abord à Boukhara que nous avons retrouvée avec plaisir, et où nous avons encore déniché quelques madrasas et mausolées à découvrir! Une excursion à Nurata hanté par les mânes d'Alexandre qui créa là une forteresse sur sa route pour conquérir Samarcande, un détour par Jizzakh et au final arrivée à Tashkent pour les derniers jours avant de prendre l'avion pour le retour!

A bientôt ...